L’aire d’appellation de l’AOC de Corbières – la plus grande du Languedoc – couvre 17200 hectares depuis les portes de Carcassonne aux étangs de Leucate et de Narbonne aux contreforts des Pyrénées au pied la montagne noire. Elle regroupe 11 terroirs différents et produit des vins rouges, rosés et blancs.
La préhistoire de la région de Narbonne
Avant la conquête romaine, une partie du territoire de l’Aude était occupée par les Elisyques, une peuplade d’origine ibère. On leur attribue la création de la ville de Narbonne avec des implantations autour de la colline de Montlaurès.
Ce sont cependant les marchands grecs qui traversent sans cesse la région qui sont à l’origine de l’introduction de la vigne.
En 120 avant Jésus Christ, les romains fondèrent Narbo, leur première colonie en Gaule. Grâce au climat déjà très favorable à l’époque, ils entreprennent la culture de la vigne à grande échelle. Toute la région narbonnaise se retrouve rapidement couverte de plantations viticoles et on peut considérer que c’est ici que ce situe le berceau du vin de la Gaule.
Les invasions successives
Avec le déclin de l’empire romain et les invasions barbares qui se succèdent, la vigne reste cependant une culture très importante et le vin est omniprésent dans les témoignages relatant cette tranche de l’histoire.
À la fin du Ve siècle, Narbonne est rattachée à la province la plus septentrionale du royaume d’Espagne conquis par les Wisigoths. Puis ce sont les gouverneurs locaux dépendant des Carolingiens qui en revendiquent la propriété. Enfin, une lignée vicomtale en partielle autonomie en reprend les rênes.
Narbonne au Moyen Âge et le rattachement à la France
Au moyen-âge, Narbonne constitue une métropole de très haute importance, à la fois intellectuelle, religieuse et spirituelle. Elle s’impose comme une ville dynamique et marchande.
La région chrétienne confie à ses moines la viticulture qui la prennent très au sérieux et en améliorent les techniques. Les abbayes de Lagrasse, Caunes-Minervois, Fontfroide et Saint Hilaire deviennent des centres viticoles productifs et de qualité.
L’abbaye cistercienne de Fontfroide devient même la plus prospère du sud de la France. Ce sont par ailleurs deux seigneurs qui se partagent le pouvoir à Narbonne jusqu’à la fin du Moyen Âge : l’archevêque et le vicomte.
Avant même l’inquisition, Narbonne représente le siège catholique de la croisade contre les Cathares, à laquelle participe les évêques locaux. Les Cathares durent se réfugier dans les châteaux les plus reculés de la région mais il y eu peu de rescapés.
Narbonne fut rattachée définitivement au royaume de France au début du XVIe siècle. La ville devient la place forte la plus importante de la région.
La création du canal du midi
Au XVIIe siècle, la création du canal du midi redynamise la région et les vignes gagnent encore du terrain
Au XIXe siècle, l’essor de la viticulture est encore plus spectaculaire avec, entre 1852 et 1878, le doublement de la surface viticole dans la région narbonnaise. La culture des céréales et des oliviers, ainsi que l’élevage des moutons, sont délaissés pour se consacrer à la vigne.
Avec l’avènement du train, Narbonne devient un centre névralgique de la viticulture.
Le temps de la révolte
À la fin du XIXe siècle, la région connaît la crise de l’oïdium, puis du phylloxéra. Les très nombreux vignerons de la région mettent en place une commune en 1871, inspirée de celle de Paris, pour s’opposer à Napoléon III. Elle est vite réprimée mais la révolte couve.
Ernest Ferroul, le docteur des pauvres et maire de Narbonne, soutient la révolte des vignerons qui éclate en 1907. Un comité de défense se met en place sur les quatre départements de l’Aude, les Pyrénées Orientales, l’Hérault et le Gard. Les affrontements avec les autorités sont violents et le bilan compte de nombreux blessés et quelques morts.
Ferroul crée en septembre 1907 la Confédération Générale des Vignerons. Les petits propriétaires commencent à se regrouper et créent des caves coopératives pour pouvoir surmonter la crise.
Depuis le début du siècle, les vignerons de la région de Corbières ont définitivement fait le choix de privilégier la qualité par rapport à la quantité. En 1935, Joseph Capus invente le concept de l’AOC dont le processus est momentanément interrompu par la deuxième guerre mondiale.
C’est l’INAO qui se charge des appellations et, en 1951, le vin de Corbières est reconnu comme VDQS – Vin De Qualité Supérieure – puis comme Appellation d’Origine Contrôlée le 24 décembre 1985, pour les vins rouges, rosés et blancs.